« Regards croisés entre christianisme et sagesses d’Orient »

12/11/2014 – John MARTIN

Frère John Martin à Ligugé 12 novmbre 2014La conférence a eu lieu le 12 novembre 2014 devant environ 140 personnes dans l’Eglise de la Résurrection (sur le plateau des Couronneries, Poitiers) gentiment mise à disposition pour l’occasion. Elle a eu lieu en langue anglaise avec traduction en français.

Voici un résumé basé sur des notes communiquées par une participante (grand merci à elle) et adaptées, complétées et mises en forme par le traducteur.

photo de Frère John Martin devant l’Eglise de Ligugé; il a séjourné à l’Abbaye… fondée par Saint Martin… le 11 novembre jour de la Saint Martin!

La conférence débute par une méditation, un temps de silence pour les participants tandis que le Frère chante le « OM » indien et récite le mantra suivant:

asato mā sad gamaya
tamaso mā jyotir gamaya
mṛtyor mā amṛtaṁ gamaya

De l’ignorance mène moi à la Vérité
De l’obscurité à la lumière
De la mort à l’immortalité

                                    (Brhadaranyaka Upanisad, I.iii.28)

Dès le début de sa conférence, Frère John Martin indique les différents niveaux de conscience tels que décrits par les sages de la tradition indienne :

1/ conscience corporelle (niveau individuel, niveau des besoins)

2/conscience collective (les religions se situent à ce niveau, chacune d’elles propose un un idéal ainsi qu’une personne idéale au sens où elle est source d’imitation, en général le fondateur de cette religion ; les religions ont aussi l’ambition d’augmenter le nombre de personnes qu’elles touchent ; ainsi pour elles le futur est vu dans la continuité du présent qui dépend lui-même du passé.

3/conscience universelle au-delà des idéaux, du passé, du futur. Elle se caractérise par  l’originalité et la créativité. « Je suis universel, uni à la création toute entière, Je suis en Dieu et Dieu est en moi ». Liberté par rapport au temps.

4/ Conscience unitaire : moi et Dieu nous sommes un, il n’y a ni début ni fin.

C’est au deuxième niveau de conscience, la conscience collective, que se situent les freins, les limites, le blocage aux portes d’accès aux niveaux de conscience supérieurs. De ces blocages du 2e niveau naît le risque de rejeter Dieu et de redescendre ainsi au 1er niveau de conscience.

L’essentiel de cet enseignement de la tradition indienne (upanishadique) est : Dieu est partout, tout est Dieu, et chacun fait partie de Dieu ; et la conscience humaine a le potentiel de s’élever jusqu’à cette compréhension profonde ou réalisation que nous sommes un avec Dieu.

A noter que les Upanishad sont antérieures d’au moins 500 ans au Christ.

Après avoir esquissé la perspective donnée par la tradition indienne, quelle est celle donnée par le Christ ?

En préambule de cette question, il faut préciser qu’il y a une différence entre Christ et christianisme : dans le christianisme, il y a des centaines de branches. Le Frère prend l’image de l’arbre pour traduire sa pensée : les feuilles sont les individus, les branches les religions, avec des divisions, le tronc correspond au 3e niveau de conscience, universelle ; et les racines sont la conscience complètement divine (4e niveau).

Le message essentiel du Christ est la « Bonne nouvelle », ou l’annonce du Royaume, qui consiste à réaliser que chaque chose est en Dieu, Dieu est partout, « le Père et moi (Jésus) nous sommes un ». Dieu est océan, nous faisons partie de l’océan, nous y sommes, mais nous ne le savons pas et nous devons comprendre cela, en avoir l’Expérience.

De façon parallèle aux niveaux de conscience d’après la tradition indienne, on peut dire qu’il y a ces moments essentiels de la vie de Jésus :

La première naissance de Jésus est sa venue su terre ou incarnation.

La deuxième est la circoncision, soit l’entrée dans le niveau de la conscience collective, en l’occurrence dans le judaïsme. Jésus nait une première fois du sien de sa mère, et une deuxième fois du sein du judaïsme. Mais c’est la religion, avec ses limitations : il y a les Juifs et les non Juifs ; Dieu est un mystère inaccessible ; la croyance religieuse est plus importante que l’homme.

La 3ème naissance de Jésus se situe avec son baptême, c’est sa naissance spirituelle, le mur est tombé, l’Esprit de Dieu est descendu sur lui, c’est un nouvel être humain, la nouvelle conscience humaine est née, c’est la conscience universelle, le 3ème niveau de conscience. Dieu dit : « Tu es mon fils bien aimé » ; c’est le début de la nouvelle Alliance ; la 1ère était celle de Moïse qui est composée de commandements : « tu dois faire/tu n’a pas le droit de faire ». La seconde Alliance est celle d’un Dieu silencieux, un Dieu de la liberté. Dans la Bible Dieu intervient en parole très souvent, mais dans les Evangiles Il parle deux fois seulement, au moment du baptême de Jésus et au moment de la Transfiguration.

La transfiguration, précisément est le moment à partir duquel le Christ peut dire « Le Père et moi sommes un » (4e niveau, Unité).

Les différents niveaux de conscience tels que mentionnés plus haut sont valables non seulement pour le Christ mais pour chaque personne humaine. Chacun est appelé à entrer dans le 3e niveau de conscience, universelle ; puis dans le ‘e niveau de l’Unité (« Je suis dans le Père et le Père est en moi ». En fait, le vrai message du Christ, la Bonne Nouvelle, c’est que CHACUN PEUT trouver la Sagesse intérieure, Dieu de silence et de liberté. Puis vivre la présence de Dieu à l’intérieur de Soi.

Notre potentiel c’est une conscience plus grande que la religion. « Je suis venu accomplir la loi » pour aller au-delà.

La religion peut être une cage ou un nid. Parfois elle est une cage (et même parfois à l’extrême : problème des violences faites aux hommes par les hommes qui sont prêts à mourir et prêts à tuer pour leur religion). Mais elle devrait devenir un nid, c’est-à-dire être au service des êtres humains pour les aider à évoluer dans leur niveau de conscience : le shabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le shabbat.

Parole libératrice : l’être humain est appelé à devenir un avec Dieu.

Beaucoup d’applaudissements.

Questions / Réponses (extraits) :

Q Vous ne mentionnez pas la Résurrection comme un des moments essentiels de la vie du Christ, qu’en est-il ?

R Il y a résurrection avant la mort et résurrection après la mort ; la Résurrection après la mort, celle du Christ, était nécessaire historiquement : quelque chose devait être montré à l’humanité ; mais la résurrection la plus importante est celle qu’il est possible de connaître avant la mort ; dans le cas d Christ, c’est le moment où il réalise son identité, son Union avec le Père.